Faire un film qui devient un classique de Noël est une prouesse remarquable. Avec son film de 1983 Une histoire de Noël, Bob Clark a marqué la culture populaire en créant un incontournable des fêtes. Mais bien avant cela, en 1974, il explorait déjà les festivités de Noël sous un angle bien plus sombre avec Noël noir, un thriller d’horreur devenu un jalon du genre. Bien que moins connu que son chef-d’œuvre familial, Noël noir reste une référence majeure, souvent considéré comme un précurseur des slashers modernes.
Noël noir suit les habitantes d’une sororité la veille de Noël, qui sont terrorisées par un intrus se cachant dans leur grenier. Ce dernier, connu uniquement sous le surnom de « Billy », harcèle ses victimes avec des appels obscènes avant de les assassiner une par une. Les autorités tentent désespérément d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard.
Le film de 1978 Halloween de John Carpenter est souvent crédité comme ayant lancé la mode des slashers des années 80, mais Noël noir pose de nombreux fondements du genre. Avec son utilisation innovante du point de vue du tueur et son absence d’explications sur les motivations de ce dernier, Clark a créé une œuvre qui transcende les conventions.
Le mystère entourant le tueur est un élément clé du film. Contrairement à Michael Myers dans Halloween, dont l’identité est connue, Noël noir laisse le spectateur dans l’ignorance totale, renforçant l’effroi. Clark a même pris soin de faire jouer « Billy » par plusieurs acteurs pour préserver son anonymat.
Les remakes de Noël noir en 2006 et 2019 ont chacun pris des libertés, notamment en dévoilant davantage les origines du tueur ou en introduisant des éléments surnaturels. Cependant, aucun n’a atteint l’impact de l’original, qui s’inspire de faits réels et de légendes urbaines, rendant son horreur d’autant plus tangible.
Outre sa tension palpable, Noël noir se distingue par son exploration de thèmes sociaux, notamment à travers Jess, une jeune femme confrontée à des choix reproductifs et à la misogynie institutionnelle. Son affrontement avec son petit ami Peter, furieux qu’elle envisage d’avorter, reflète des débats sociétaux toujours d’actualité.
Noël noir et Une histoire de Noël sont des œuvres radicalement différentes, mais ensemble, elles témoignent de l’immense talent de Bob Clark. Si Une histoire de Noël est une célébration légère des fêtes, Noël noir en est le côté obscur, une expérience intense qui reste une pierre angulaire du cinéma d’horreur.