Le teaser trailer de Transformers datant de 2006 reste un excellent outil de marketing et constitue une belle dérive par rapport aux normes de la franchise.
Une franchise peu subtile
Les films Transformers peuvent être qualifiés de nombreuses manières, mais le mot « subtil » ne fait certainement pas partie de leur vocabulaire. Il suffit de regarder les caricatures raciales discutables des titres en live-action ou les séquences comiques excessives qui abondent. Cette série est surtout connue pour des éléments tels que Mark Wahlberg gardant son accent de Boston bien qu’il joue un Texan, ou un immense robot hurlant « Je suis une ballerine ronde ! » en pleine bataille.
Un teaser mémorable
Ironiquement, la première fois que le grand public a découvert la saga Transformers en live-action, c’était grâce à un teaser qui prenait une direction beaucoup plus subtile. Des décennies plus tard, ce premier teaser reste une œuvre cinématographique remarquable. En tant que vestige d’une époque révolue où les teasers étaient remplis de séquences filmées spécialement pour l’occasion, ce teaser pourrait bien être la meilleure chose à retenir de l’ère Michael Bay pour cette franchise.
Dans le film Transformers de 2007, il est mentionné brièvement au secrétaire à la Défense que le Rover Beagle 2 de 2003, supposément introuvable avant d’atterrir sur Mars, a en réalité atteint la surface de la planète. Sa mission a été interrompue par un Decepticon et, même si cela n’est montré que par des anecdotes et des images granuleuses dans le film, le teaser illustre cette séquence en entier. Les spectateurs suivent, à travers la perspective du Rover, son atterrissage sur Mars et sa quête de nouveaux matériaux sur cette planète rouge.
Tout à coup, une ombre se profile au-dessus du Rover Beagle 2. Un Decepticon flou entre dans le champ, tend la main vers le Rover, et la transmission s’interrompt. Un texte à l’écran (avec cette fameuse police de la trilogie originale Transformers) apparaît et indique : « C’était le seul avertissement que nous aurions jamais. » La caméra recule, montrant une vaste vue de la Terre avant que le logo Transformers s’assemble à l’écran (accompagné du texte « Un film de Michael Bay ») puis se transforme à nouveau, une première fois en la date de sortie 7.4.07, et enfin en l’insigne Autobots.
Un teaser captivant
Il est excitant de constater à quel point ce teaser laisse place à l’imagination sans tomber dans la banalité qui a affligé des bandes-annonces comme celle de Venom. Optimus Prime et Megatron sont absents, et il n’y a pas de surenchère de fan service destinée à raviver la nostalgie des fans des années 1980. Même si l’on n’avait aucune idée de ce que sont les Transformers avant cette bande-annonce, celle-ci se révèle tout de même d’une puissance évocatrice impressionnante.
Il est d’autant plus appréciable de constater les mérites de ce teaser, car ce style de marketing a perdu de son attrait ces dernières années. À l’exception des films de Christopher Nolan, les blockbusters modernes commencent rarement leur promotion avec un teaser spécial diffusé 12 mois avant la sortie. Dans le passé, des films comme T2: Judgement Day, Godzilla de 1998 ou Spider-Man faisaient pratiquement des teasers filmés spécialement une condition préalable pour commencer la campagne marketing d’un blockbuster. Ces pratiques ont disparu au profit de campagnes promotionnelles plus compressées.
L’absence de tels teasers ne rend pas chaque instance de cette stratégie (comme celle du film Da Vinci Code) extraordinaire. Cependant, cela fait apprécier d’autant plus les subtilités de ce teaser Transformers si bien réalisé. Il est également agréable de voir ce teaser comme une bouffée d’air frais comparé aux films qui l’ont suivi. D’autres films Transformers, réalisés par Michael Bay, souffrent d’un montage incohérent et rapide. L’accumulation de tension et de terreur dans le teaser est rafraîchissante par rapport au rythme de Transformers: Revenge of the Fallen.
Il est regrettable que les films en live-action Transformers suivants (sauf Bumblebee) n’aient pas pu atteindre la qualité et l’atmosphère de ce teaser particulièrement bien monté. Pourtant, il vaut mieux apprécier ce que l’on a plutôt que de pleurer sur ce qui a été perdu. Ce teaser Transformers demeure un excellent petit morceau de marketing, de plus, un microcosme efficace d’une époque révolue dans les techniques promotionnelles. Si seulement davantage de campagnes de marketing de blockbusters modernes osaient offrir des matériaux aussi mémorables que ce teaser Transformers.