À une époque où Hollywood s’est plié à l’autocensure, Alfred Hitchcock a utilisé son cinéma pour défier les règles.
À l’âge d’or d’Hollywood, les cinéastes étaient confrontés à des restrictions créatives sans précédent en vertu du Code de production cinématographique, communément appelé Code Hays. Parmi ses règles figurait l’interdiction supposée de s’embrasser à l’écran pendant plus de trois secondes, une directive qu’Alfred Hitchcock a magistralement évitée dans les années 1946. Célèbre.
Qu’est-ce que le Code Hays ?
Le Code Hays est apparu en 1930 comme réponse d’Hollywood à la pression croissante des critiques conservateurs et des groupes religieux, qui accusaient l’industrie de saper les valeurs traditionnelles. Cette réaction négative a été attisée par une série de scandales au début des années 1920, notamment la tristement célèbre affaire Fatty Arbuckle, dans laquelle l’acteur a été accusé d’homicide involontaire, et la mort mystérieuse du réalisateur William Desmond Taylor, accusé d’avoir des liens avec des criminels. Le système de censure auto-imposé qui en a résulté a explicitement interdit les « baisers excessifs et lubriques », ainsi que divers autres contenus jugés inappropriés pour le public.
La mise en œuvre du Code a marqué un changement radical par rapport à l’ère plus libérée du cinéma muet des années 1920, où des scènes romantiques passionnées ornaient fréquemment l’écran. Manquant initialement de mécanismes d’application robustes, les lignes directrices ont eu peu d’impact jusqu’en 1934, lorsque la formation de la Légion catholique de la décence et les pressions économiques de la Grande Dépression ont forcé les studios à prendre les restrictions plus au sérieux.
Le brillant livre de John Billheimer Hitchcock et les censeurs contribue à dresser le tableau d’une censure sauvage à l’âge d’or d’Hollywood. La surveillance stricte de la Production Code Administration a obligé les cinéastes à développer des raccourcis visuels créatifs pour suggérer la romance et la passion. Par exemple, les réalisateurs montraient des vagues s’écrasant sur une plage pour suggérer une passion sexuelle ou montraient les flammes d’une cheminée de plus en plus fortes pour indiquer un désir croissant. Le travail de la caméra lui-même a développé des significations spécifiques : un lent panoramique allant des pieds au visage indiquait un intérêt sexuel, tandis qu’un fondu au noir après un baiser impliquait une intimité sans la montrer.
Ces codes visuels sont devenus si bien ancrés que le public de l’époque pouvait facilement « lire » ces signaux. Par exemple, dans les années 1935 Chapeau haut de forme – qui a récemment été présenté dans l’émission HBO Le Pingouin — les cinéastes ont intelligemment contourné l’interdiction du mot « putain » prévue par le Code en jouant sur le « barrage » d’un cheval, laissant le public relier les points lui-même. C’est certainement intelligent, mais pas autant que Hitchcock trouve des moyens de présenter une intimité prolongée sur le grand écran.
celui d’Alfred Hitchcock Célèbre La scène du baiser est entrée dans l’histoire
Les studios hollywoodiens ont conçu le Hays Code pour apaiser les groupes conservateurs qui demandaient la censure des films. L’idée était de créer un document d’autocensure pour empêcher l’intervention du gouvernement dans l’industrie – il était préférable d’établir des règles douces plutôt que d’attendre de voir quelle sorte de règle stricte pourrait résulter d’une confrontation.
Bien que la règle des trois secondes pour s’embrasser à l’écran soit un mythe, puisqu’il n’y avait pas de minuterie objective pour les démonstrations d’affection, le Code Hays interdisait les « baisers excessifs et lubriques ». Quelle que soit la façon dont vous interprétez cette phrase, trois minutes de baisers torrides et de flirt ne semblent pas être quelque chose que le Code Hays autoriserait. Pourtant, c’est ce avec quoi Hitchcock s’en est tiré Célèbre.
La scène se déroule dans une chambre d’hôtel de Rio, où les personnages de Cary Grant et Ingrid Bergman se lancent dans une danse complexe de romance et de conversation. Ils s’embrassent brièvement, puis se séparent pour discuter de sujets banals comme les projets de dîner et les appels téléphoniques, pour se retrouver quelques instants plus tard. La caméra les suit dans leur déplacement du balcon vers l’intérieur, entretenant l’atmosphère intimiste par des mouvements naturels et des dialogues murmurés.
Ce qui rend la scène particulièrement remarquable, c’est qu’elle a violé l’esprit du Code malgré sa conformité technique. La tension sexuelle continue sans interruption pendant des minutes, mais Hitchcock pourrait affirmer que chaque contact avec les lèvres était suffisamment court pour respecter le code Hays.
Le Célèbre La scène du baiser a influencé la façon dont Hollywood a abordé les moments romantiques pendant des décennies. Hitchcock continuera à repousser les limites avec des scènes tout aussi mémorables dans ses films ultérieurs. Dans les années 1954 Lunette arrièreil a créé un moment à couper le souffle où le visage de Grace Kelly apparaît au ralenti avant qu’elle n’embrasse doucement James Stewart. Des années plus tard, dans les années 1964 Marnieil a confectionné un autre baiser inoubliable entre Tippi Hedren et Sean Connery pendant un orage, avec la caméra positionnée à seulement dix-huit pouces de leurs visages.
D’autres réalisateurs ont trouvé leur propre façon de travailler dans le cadre de l’autocensure. Celui de Michael Curtiz Casablanca (1942), Howard Hawks Avoir et ne pas avoir (1944), et celui de Fred Zinnemann D’ici à l’éternité (1953) ont tous réussi à créer des moments romantiques emblématiques tout en respectant les contraintes du Code. Cependant, même si tous ces films sont des classiques qui aident à comprendre l’histoire d’Hollywood, Hitchcock et Célèbre restent le défi le plus audacieux de la règle du baiser du Hays Code.
Célèbre est actuellement disponible en streaming sur Tubi.