Les années 1990 ont marqué une époque incontournable dans l’histoire des films d’horreur. Le début de la décennie a été dominé par la fin de la sous-catégorie slasher. Dans la moitié des années 1990, on a vu des adaptations de Stephen King mal produites pour la télévision, mais aussi Wes Craven revitaliser le slasher avec Scream. À la fin de la décennie, The Blair Witch Project a totalement redéfini ce qu’un film d’horreur pouvait être, montrant de nouvelles possibilités sans le soutien des studios. Même si le style found footage ne vous plaît pas, il est indéniable que ce film a ouvert les vannes.
La production de ce film repose sur l’utilisation d’une caméscope, de quelques équipements de randonnée, et surtout de la peur ressentie par un groupe de jeunes cinéastes en herbe. Ces derniers s’aventurent dans les bois d’une petite ville pour enquêter sur une série de meurtres locaux, attribués à une sorcière supposée. Une fois perdus et confrontés à des bruits inquiétants la nuit, la situation devient critique.
Dans The Blair Witch Project, jamais on n’aperçoit la « sorcière », bien que des traces de son existence soient visibles tout au long du film. La scène la plus proche de son apparition se trouve dans les derniers instants du long-métrage. Que pouvait-on attendre d’un projet réalisé par de jeunes cinéastes sans budget, mais avec une idée sur la manière de créer un film terrifiant ?
La peur de l’invisible
The Blair Witch Project incarne l’idée que ce n’est pas ce que l’on voit qui fait peur, mais plutôt ce que l’on ne voit pas. C’est dans les cris de l’actrice Rei Hance, anciennement connue sous le nom de “Heather Donahue”, et dans le gros plan iconique de son nez qui coule. On ressent la peur à travers le tas de pierres que les trois chercheurs de la sorcière découvrent à leur réveil, et les figures en bâton faites de branchages suspendues aux arbres.
La tension augmente avec la disparition de ‘Josh’ (Joshua Leonard) dans le troisième acte, ainsi que la descente aux enfers de ‘Mike’ (Michael C. Williams) qui commence à perdre la raison. Cette absence de la sorcière, de façon visible, maintient le suspense ancré dans la réalité. Par conséquent, les peurs et anxiétés des personnages deviennent palpables alors qu’ils s’enfoncent dans leur purgatoire.
Une stratégie de marketing innovante
L’un des éléments clés du succès de The Blair Witch Project réside dans sa présentation en tant que véritable film trouvé. La campagne marketing a su maintenir cette illusion durant longtemps. Cela a suscité une grande curiosité parmi les spectateurs, désireux de découvrir à quoi ressemblait la sorcière.
The Blair Witch Project a également utilisé Internet d’une manière novatrice, rendant difficile de déterminer si ce film était authentique ou non. À l’époque, le site www.theblairwitch.com dégageait une atmosphère étrange, comme si vous exploriez les fichiers d’une scène de crime. Et quel était le comble ? Aucune photo de la sorcière n’y était présente, ce qui a attisé encore plus l’intrigue auprès du public à l’approche de sa sortie.
Certaines personnes peuvent critiquer la fin de The Blair Witch Project, tandis que d’autres la considèrent comme un chef-d’œuvre. Dans les derniers instants du film, la tension est à son comble, attendant un dévoilement de l’apparence de la sorcière.
Dans les dernières minutes, Heather et Mike entendent Josh crier à l’aide au loin. Ils découvrent une étrange maison abandonnée dans les bois. Mike est alors attaqué par quelque chose hors-champ. Puis, la scène nous ramène à Heather qui, avec sa caméra, panique en cherchant ses amis. Elle finit par entrer dans le sous-sol et rencontre Mike, immobile et tourné vers le mur, une méthode utilisée par Rustin Parr, un homme qui avait tué des enfants sous les ordres de la sorcière. La caméra de Heather tombe au sol, l’écran devient flou puis noir.
C’est une fin inoubliable qui reste gravée en vous après le visionnage. De nombreux autres films d’horreur en found footage ont tenté de reproduire cette ambiance, mais peu ont réussi. The Blair Witch Project a réussi à créer cet effet sans jamais montrer le monstre.
